
Avec la sortie cette année de son remake, un petit retour en arrière pour s'intéresser à l'original m'est venu à l'esprit. Wes Craven n'a jamais fait dans la dentelle, avec sa quête d'originalité qui l'a poussé à faire des projets drôlement douteux, il montrait dès son premier film The Last House on the Left, les prémisses d'une carrière dangereusement couillue mais qui mérite toujours un coup d'oeil. Son premier film est une boucherie d'une violence surprenante, déstabilisant, froide et visiblement bien manipulé par l'auteur. Mettant en relation la gratuité de l'acte de tuer avec la vengeance meurtrière, c'est une panoplie de questions qui arrivent dans nos têtes avec ce film, visiblement fait avec un budget minime, mais qui dégage une originalité qui en fait probablement le meilleur film de Craven et sont plus choquant. Craven cadre mal ses personnages, le grain de la pellicule prend des airs de Grindhouse, les astuces de mises en scène par rapport au budget sont évidentes mais malgré tout, c'est ce look, ce traitement qui donne au film de Craven un charme intemporel. L'approche naturaliste du réalisateur pour son sujet, y allant toujours d'actions simples vient ajouter de l'intérêt à des personnages dont on ne sait rien mais dont le réalisme vient nous chercher. C'est sale, violent et cheap, mais le film à sa propre voix ce qui est assez rare de nos jours. Avec un rythme soutenu et une courte durée (Réédité de nombreuses fois), le film rééinvente constamment l'intérêt qu'on lui porte par la diversité des situations et l'étrangeté du traitement.
C'est à la fois un spectable répugnant auquel nous assistons autant qu'à une presque étude de nos habitudes en tant que spectateurs. Le meurtre est mal, la vengeance est douce... jusqu'à ce qu'elle perde de sa saveur.Craven y va de contraste passablement étranges entre l'horreur, le sang, l'intensité tout en y alliant des parcelles d'humour fort dénonciatrices. Faut voir cette scène avec les policiers qui enquêtent sur la disparition des deux jeunes femmes pour se retrouver à avoir une panne d'essence et monter sur un camien remplit de poulets. Une police incompétente n'est pas que la seule pointe de Craven qui s'en prend également à l'attention parentale, où brouillant du noir pour la perte de leur fille, ils ne savent même que pas que cette dernière se fait violer juste derrière la cour. On note également l'utilisation de Craven de la musique, fort joyeuse pour présenter des horreurs pas disables. L'ultime marque de manipulation du réalisateur, déstabilisant son spectateur et jouant avec les codes pour l'amener plus loin qu'à être seulement témoin d'un meurtre, lui montrant que ''ce n'est qu'un film'' pour pousser la réflexion sur des agissements que nous ne comprendrons jamais vraiment.
Un casting formé d'inconnus vient nourrir le film de performances assez inégales. Les deux jeunes jouées par Sandra Cassell et Lucy Graham sont impressionnantes et convaincantes tandis que certains des tueurs le sont un peu moins, sauf David Hess, dont la maladie mentale a semblé dépassé la limite de ses performances durant sa carrière et qui est ici, dangereusement imposant et effrayant. Les performances douteuses ont l'air de s'ajouter au côté exploitation du film, tout comme les nombreuses présences de nudité. Ce qui à défaut d'être intéressant, à au moins l'avantage de bien divertir.
Un film culte méritant son statut, The Last House on the Left surprend et étonne de par les qualités qu'il tire de ses défauts apparents. Déroutant et sauvage, mais loin d'être con, c'est dans la crème des films d'exploitations des années 70 et un début de carrière magnifique pour Wes Craven.