The Missing
Fin du 19ième siècle, un homme retourne voir sa fille qu'il a abandonné pour aller vivre avec les amérindiens. Cette dernière est devenue une docteur respecté et refuse de retisser des liens avec son paternel. Jusqu'à ce que son mari soit sauvagement tué et sa fille soit kidnappé par des amérindiens qui comptent bien la revendre comme prostituée au Mexique. Père et fille doivent maintenant faire équipe et s'entendre pour avoir une mince chance de sauver leur famille.
Ron Howard est un réalisateur hollywoodien réputé. Il fait des bons films, des films qui sont fait avec beaucoup de rigueur et avec des bons budgets. L'idée de le voir s'attaquer au Western avait de quoi intéressé. Howard, considéré comme un émule de Spielberg, mais constamment incapable de recréer la magie sentimentale du maître du Box-Office. Howard a quand même été capable de se forger un nom et à avoir derrière la cravate une filmographie très diversifié et contenant plusieurs films intéressants. Malheureusement pour lui, même si son MISSING est loin d'être un navet, Howard semble encore une fois manquer d'éléments. Ici pas de trou de sens ni de grands idéaux exploités, Howard fait sa version du film THE SEARCHERS et offre quelque chose en dessous de son véritable potentiel.
La réalisation de Howard est pourtant très belle et la photographie est littéralement à couper le souffle. Mais Howard est tellement peu subtil et n'a définitivement pas le talent d'un Spielberg pour faire avancer son histoire dans chaque plan. Son film est trop long quand il a carrément le scénario d'une série B des années 50. THE MISSING aurait pu facilement durer 25 minutes en moins. Enlevons plusieurs moments forts inutiles avec la jeune fille kidnappée, cette ridicule étrange maladie qu'attrape le personnage de Blanchett et la fusillade finale qui est interminable et peut-être que le film aurait été plus fluide et définitivement plus intéressant et moins prétentieux.
Un aspect très intéressant du film est sa violence extrêmement graphique. Rarement on a vu jusqu'à présent le genre très classy et codé du western américain attaqué par autant d'hémoglobine. Cette violence qui pourtant pourrait être très attirante pour le spectateur est installée dans le seul but de démoniser à fond les vilains qui se retrouvent évidemment sans une foutue once d'humanité. Sans vouloir tomber sur la tomate d'un scénario déjà simple, on dirait qu'on a ici un matériel ultra-simple qu'on a voulu étirer en qualité, comme si on essayait de vendre un papier bonbon sans le dit bonbon à l'intérieur. Pourtant c'est quand même bon, mais ce n'est définitivement pas aussi bon que ça voudrait bien l'être.
Le film est mené de mains de maître par deux excellents acteurs. Un Tommy Lee Jones fait sur mesure pour le rôle du vieux paternel en quête de rédemption et Cate Blanchett dans celui de la mère forte et acharnée. C'est au moment d'analyser ce qui ne fonctionne pas que l'on se rend compte à quel point le scénario du film est creux et que pourtant malgré plus de deux heures, on ne retient rien de particulièrement profond de ce western qui semblait avoir des intentions plus grandes que le résultat présent. On aime ce vieux loup de mer et cette matriarche insurmontable et tout est fait avec une belle économie de moyens qui est la marque des grands acteurs. Blanchett est remarquable dans sa façon de dire 100 choses avec une seule émotion. En fait, il n'y a que les acteurs qui excellent dans THE MISSING alors que tout le reste semble vaguement réussir à des niveaux différents.
Ron Howard n'est pas John Ford et son MISSING ne possède pas la superbe amguïté du film qu'il tente de s'inspirer. Certains disent qu'on doit avoir une raison pour regarder un film, THE MISSING n'en possède pas vraiment malgré des qualités évidentes, ce qui rend le tout encore plus décevant.